
Les moins de soixante ans n’ont pas connu cet horizon d’une vallée verdoyante à la terre sombre, qui nourrissait en son temps bien plus que la Saintonge. C’est pourtant cette vision d’un maraichage local, respectueux, et nourricier, que Perrine Goyau et Sylvain Leaute s’accordent à cultiver aux bords de l’Arnoult. Des mottes fertiles, ils font naitre légumes, aromates et petits fruits.
A la croisée des chemins
Chance ou hasard ? Perrine et Sylvain se rencontrent au cœur d’une entreprise familiale où la culture biologique est la seule envisagée depuis trois générations. Une école de terrain qui leur donne toutes les billes d’une collaboration réussie.
Perrine
Perrine grandit à La Gripperie-Saint-Symphorien, bien plus passionnée par la vie qui règne dans les bois voisins que par l’école qui bride sa liberté. Elle se forme à la photographie et part travailler en Angleterre. Le besoin intense de côtoyer la nature la ramène en Saintonge où elle décroche un bac pro de paysagiste. Mais la chimie et la misogynie qu’elle voit dans ce métier la font fuir. Elle devient saisonnière en maraichage bio. Une expérience qui la séduit au point de suivre en alternance une formation de BTS horticole.
Sylvain
Vendéen de souche, Sylvain commence dès 6 ans à parcourir le bocage. Fièrement équipé d’une paire de jumelles, il s’imaginait déjà travailler dans un parc naturel. Mais son BTS gestion des espaces naturels ne lui offre pas de débouchés et il accepte un poste de charpentier. Il épouse une Saintongeaise et s’installe en terres charentaises, questionnant à nouveau son devenir professionnel. Il entre comme saisonnier dans une entreprise de maraichage bio. Il se passionne,
se forme, et y travaille six années.

Des parcours qui se complètent
Elle a tout appris des processus d’organisation du maraichage : travail du sol, irrigation, planning des tâches, gestion des commandes. Il a supervisé l’ensemble des semis, année après année. Les deux salariés se croisent régulièrement et discutent de leur envies respectives.
La vente de terres classées bio dans la vallée de l’Arnoult les accorde sur le projet à mener. Ils se présentent comme des maraichers soucieux de préserver la nature, le paysage, et le lien avec les habitants, et emportent l’adhésion.
Des terres à apprivoiser

Plus de quatre hectares achetés et un autre loué, voilà de quoi alimenter tous les désirs !
Ces terres riches et humides que le voisinage pense perpétuellement inondables, Perrine et Sylvain passent des semaines à les défricher et en nettoyer les abords. A l’écoute d’une petite voix répétant de faire confiance aux anciens, ils cherchent les anciens fossés comblés de terre, et pelles et pioches bien en main, ils réhabilitent les évacuations. Là où l’hiver fabriquait des mares, les terres peuvent désormais s’égoutter.
Des passants et automobilistes saluent leurs efforts d’un coucou de la main. Il semble que terres et terriens aient adopté les nouveaux paysans.

Une diversité à installer
Pour minimiser l’impact écologique tout en diversifiant la production, rien ne vaut l’expérience. La maitrise des rotations des cultures limitent l’apport de tout engrais.
Pour faire pousser sans abimer, Perrine et Sylvain auto-construisent une grande partie de leur matériel. Du simple bricolage à la soudure, les acquis se révèlent primordiaux.
La première saison va donner une trentaine de légumes et de nombreux aromates. Si on ajoute la rhubarbe et les petits fruits rouges, tous les gourmands seront contents.
Une vente très attendue
Dans cette vallée qui a connu tant de richesses, à notre époque où manger sain et local redevient une priorité, Perrine et Sylvain sont fiers de présenter leur production aux habitants et aux commerces voisins.
A l’abri d’une ancienne menuiserie au cœur de Pont l’Abbé, la vente de paniers peut commencer !