
Rien de mieux que vivre avec les saisons, en accord avec la nature et selon son rythme, même si tous les jours doivent être travaillés afin de faire ce qui doit être fait. Telle est la trame du projet de vie de Lydie et Stève Barreaud, éleveurs de poules pondeuses dans un océan de verdure.
Des racines et des savoirs

Elle est Albigeoise mais a fréquenté école et lycée saintongeais. Il est d’une famille Port d’Envalloise ancrée depuis des générations. Ils se rencontrent sur les terrains de basket puis suivent chacun leur chemin avant de se retrouver et fonder dans le même élan famille, et projet professionnel.
Lydie entre rapidement dans le monde du travail grâce à son BTS de management commercial. Elle ajoute en parallèle à son poste dans la grande distribution, la création d’une boutique gourmande. Un montage d’entreprise riche d’expériences.
Stève est avant tout passionné d’environnement. Bac agricole, BTS, faculté d’aménagement du territoire ; il devient conseiller de développement local à la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime. Six années durant, il est l’interface entre collectivités et agriculteurs. Après un passage par le Tarn et d’autres expériences professionnelles, il revient en compagnie de Lydie installer sur les terres familiales la ferme de ses rêves.
Bienvenues à la ferme
Sur les trois hectares et demi achetés au lieu-dit Pibot, la volonté de vivre d’une production naturelle fixe les objectifs des deux premières années : 1 200 poules bio, 6 poulaillers, 700 arbres fruitiers. Le tout enclos pour dissuader maître goupil et autres gourmands de s’y aventurer.
En avril 2019, le couple accueille les quatre cents premières gallinacées … dans des poulaillers mobiles. Des mobil homes d’occasion transformés et équipés du nécessaire : mangeoires, abreuvoirs, nichoirs (avec tapis roulant pour récolter des œufs propres) ; une moitié du plancher est en caillebotis pour que les fientes tombent au sol ; des petites rampes d’accès offrent aux poules toute liberté de sortie.
Parcours de santé
Pendant les douze mois où elles vont rester à la Ferme de Pibot, les poules vont vivre au rythme du « pâturage tournant dynamique ».
Déplacés tous les trois jours, les poulaillers offrent aux volailles de nouveaux terrains de chasse sur lesquels, jour après jour, elles dénichent le meilleur : l’herbe riche en carotène, les graines et les fruits, les insectes, etc. Le seul complément à ce régime au grand air consiste en des céréales bio : blé, maïs, tourteaux de tournesol et de colza, pois ou féveroles.
Sans utiliser de lumière artificielle pour booster la ponte, 400 poules donnent quotidiennement et en moyenne 360 œufs. Très appréciés des magasins et des restaurateurs locaux, ces œufs possèdent un jaune presque orangé tant l’apport en protéines est riche.
Bio et diversité, un équilibre de vie

Le caractère innovant de la Ferme de Pibot repose sur l’association des poulaillers mobiles à l’agroforesterie. Dans cette interaction positive, les fientes qui amendent le sol aident les végétaux à grandir ; les poules picorent les parasites des fruitiers ; les arbres offrent ombre et protection aux gambadeuses.
Le couple intervient peu dans ce bel équilibre. Il observe et choisit les acteurs en présence. A la Ferme de Pibot, les poules sont de la race Lohmann, plutôt résistantes et bonnes pondeuses. Quant aux arbres, gros absorbeurs de carbone, Lydie et Stève Barreaud ont choisi des fruitiers issus de variétés anciennes et d’autres espèces moins communes.
C’est ainsi que noisetiers et pêchers, noyers et pruniers, se mêlent aux sureaux, cognassiers, érables, arbousiers, tilleuls, pour recréer un paysage vivant, socle de la biodiversité.