Chez Laurence Biard-Pillot, tout est esthétisme, éclectisme, jusqu’au-boutisme. Le sens du beau et le goût du vrai régissent chacun des gestes dédiés à la culture du safran et à l’élevage des abeilles. Des activités équilibrées au rythme des saisons, qui font naitre des saveurs aussi diverses qu’inattendues.
Depuis qu’elle a quitté la Haute-Savoie, sa région natale, Laurence B. a suivi quantité de petits chemins. Des études de langues étrangères appliquées, des emplois changeants, et pendant plusieurs années en Saintonge, un poste dans le domaine social. Un sens de l’adaptabilité qui s’accompagne d’une régulière remise en question.
A 46 ans, elle pousse la démarche jusqu’à effectuer un bilan de compétences. Là, elle découvre à quel point grattouiller la terre et s’occuper d’abeilles comme elle le fait depuis des années, représentent pour elle bien plus qu’un passe-temps. Heureuse d’avoir enfin trouvé sa voie, elle se forme à l’apiculture et construit un projet professionnel dans son cadre de vie, à Fontcouverte.
Miels au pluriel
L’apicultrice ne s’en cache pas, ce qui la passionne dans la production de miel est la multiplication des saveurs. Pour suivre de près des floraisons et intervenir rapidement en cas de besoin, elle se limite à une centaine de ruches.
Consciente de prendre le résultat d’un dur labeur, Laurence B. participe au renouvellement des colonies en élevant elle-même des reines. Une mission nouvelle pour les apiculteurs qui contribuent, ainsi, à la protection de la biodiversité.
Installées dans un rayon de quinze kilomètres d’une nature relativement préservée, les milliers de petites protégées s’activent dans des ruchers aux couleurs gaies, faciles à repérer.
Du printemps à l’automne, elles seront régulièrement déplacées afin de butiner une grande variété de fleurs. Une démarche coûteuse en temps qui est heureusement récompensée : Laurence B. obtient une gamme de 8 à 10 essences différentes, et jusqu’à quatre miels de fleurs d’été !
Un goût de bouquet de fleurs, de caramel, de fruits ? Les étiquettes vous aiguillent sur l’histoire des saveurs, mais mieux encore, l’apicultrice raconte le parcours de abeilles pour obtenir ce miel de ronces, ou bien celui né dans les jardins saintais.
Bleu, jaune, rouge safran
La parcelle de 200 m² peut sembler manquer d’envergure, mais cultiver 4 500 bulbes de safran exige un nombre incalculable d’heures, surtout pour une personne seule qui ne travaille qu’à la main et qui enrichit le sol avec le fumier de ses animaux…
Si le désherbage manuel est hautement chronophage, le temps de récolte est quant à lui, particulièrement intense. Chaque jour, durant trois semaines, 5 000 à 6 000 corolles bleues illuminent le sol, exigeant une cueillette quotidienne, immédiatement suivie de l’émondage des fleurs. Avec minutie, Laurence B. détache un à un les stigmates du pistil, et laisse de côté les parties jaunes et blanches, moins goûteuses.
Rouge intense, son safran porte ainsi la quintessence du goût !
Il faut 200 à 250 fleurs pour obtenir un gramme de safran. Conditionné en dosette de 0,25 ou 0,5 gramme, le produit très apprécié, se retrouve dans la cuisine de plusieurs professionnels talentueux. De son côté, Laurence B. a inauguré une recette de miel au safran qui accompagne délicieusement un fromage de chèvre affiné, ou un foie gras.
Osez goûter !
Dans sa charmante miellerie à Fontouverte, comme sur les marchés de producteurs ou les fêtes de village, Laurence B. présente pollen, propolis, safran et des produits transformés à base de miel et/ou de safran. Ses pains d’épices, nougats, barres céréales & miel, sont entièrement concoctés par ses soins. Vous n’avez plus qu’à vous laisser tenter.
